Appuyer la tenue des audiences foraines à Cantine: éduquer la communauté locale à lutter contre les VBG

Du 12 au 24 Septembre 2021, le Tribunal Militaire de Garnison de Beni a siégé en matière répressive en foraine, traitant des dossiers de viol dans la cité de Cantine, Zone de Santé de Mabalako, à environ 45 km de la ville de Beni. Avec une motivation pédagogique à base communautaire en matière de lutte contre les violences sexuelles et celles basées sur le genre, la tenue de ces audiences foraines a abouti sur 18 jugements prononcés, dont 2 jugements d’acquittement et 16 de condamnation à des peines variant entre 3 et 20 ans de servitude pénale.

C’est dans l’idée de renforcer le traitement avec célérité des dossiers de violence basée sur le genre longtemps restés en attente d’être jugés que HEAL Africa, à travers son projet de Prévention et Réponse aux Violences Basées sur le Genre financé par le Fonds Social de la République Démocratique du Congo avec l’appui de la Banque Mondiale, a facilité la tenue de ces audiences en réponse à une demande lui adressée par le TMG de Beni.

Rapprocher la justice des justiciables

Cette deuxième audience foraine du TMG de Beni siégeant en matière répressive de violences basées sur le genre dans l’agglomération de Cantine a constitué une leçon pour la population locale qui y a assisté. C’est le cas de Monsieur KAMANGO, chef d’un camp d’un groupe appartenant à la catégorie de populations autochtones, qui en a vu une occasion d’avertissement de ses pairs quant à la commission d’actes de violence basée sur le genre.

« La tenue de ces audiences publiques à Cantine est un moyen de dissuasion pour la jeunesse pygmée face au viol dans nos communautés » , a-t-il déclaré, propos soutenus par Jeannot, frère ainé à un prévenu acquitté, pour qui le viol est « un vrai fléau qu’il faut éradiquer à tout prix » .

« Pour les potentiels bourreaux, nous reviendrons » , a indiqué le Major Magistrat KALAMBAY M. Anicet, président, à la clôture des audiences. Il a souligné le fait que lorsque les bourreaux sont jugés dans le milieu de commission des faits qui leur sont imputés, c’est la communauté qui en ressort éduquée en matière de lutte contre les VBG.

Ayant assisté au procès mettant en cause son cousin pour une affaire de viol, Monsieur Wemba a déclaré, « je n’avais jamais pensé qu’un individu de notre communauté pygmée pouvait être inquiété par la justice, cette expérience constitue pour moi une leçon ». Et au père de l’incriminé d’ajouter, « ce sera une bonne leçon pour mes deux autres garçons et l’ensemble de la communauté, qui semblait ne pas accorder beaucoup d’importance à certains détails relatifs aux violences basées sur le genre » .

Faciliter les audiences foraines, venir en appui à la justice

Dans cette vague de calamités relatives aux conflits armés que vit la partie Est de la RDC depuis plusieurs décennies déjà, le viol est depuis longtemps utilisé comme arme de guerre, détruisant l’honneur de la femme en même temps que son futur. Etant au centre de l’économie de son foyer, surtout en milieux ruraux, la femme ayant survécu à un viol perd toute confiance en l’avenir, ne travaille plus le champ, et devient inutile pour sa famille, pour sa communauté.

Vue l’étendue de ce fléau, la justice se retrouve submergée d’affaires à traiter, ce qui crée une accumulation et donc un retard dans le traitement de certaines causes. Les victimes de violences sexuelles et basées sur le genre se retrouvent à attendre, alors que le fait de connaitre la suite réservée a leur cause est nécessaire dans leur prise en charge qui se veut holistique à HEAL Africa, intégrant une réponse médicale, un accompagnement psychosocial et un appui judiciaire.