Réparation des fistules au Nord-Ubangi par l’équipe médicale de HEAL Africa: Délivrées, les femmes bénéficiaires célèbrent leur guérison !
Entre infrastructures routières et sanitaires défectueuses et l’absence totale des médecins spécialistes cliniciens dans la prise en charge sécurisée des accouchements, la femme vivant dans la province du Nord-Ubangi fléchit sous le poids des complications obstétricales et gynécologiques. Sur des routes en état de délabrement avancé dans la région, la femme doit parcourir des dizaines, voire des centaines de kilomètres pour pouvoir accoucher dans un hôpital.
C’est au total 123 réparations des fistules et déchirures de périnée qui ont été faites àl’Hôpital Général de Référence de Karawa, province du Nord-Ubangi, lors d’une campagne de chirurgie gratuite exécutée par la clinique mobile d’uro-gynécologie de l’Hôpital HEAL Africa de Goma. Cette activité a été appuyée par Fistula Foundation. Aussi heureuses que pleines de satisfaction, les femmes bénéficiaires de la campagne ont arboré une expression enjouée pour leur guérison, leur victoire face àces maladies handicapantes dont elles ont été délivrées.
Epouse d’un chef de groupement dans le Mongala, province voisine àcelle du Nord-Ubangi, Mme Nicole (nom d’emprunt) a parcouru plus de 300 kilomètres sur moto pour atteindre l’Hôpital Général de Référence de Karawa. « Etant l’épouse du chef, imaginez juste l’instant d’une minute ce que le fait de sentir des urines en permanence représentait pour moi dans ma communauté » , a-t-elle confié àl’équipe en mission de clinique mobile.
Resté àson chevet tout le temps de son traitement, son mari a été le plus heureux àcontempler le retour du sourire de son épouse, un plaisir que sa maladie lui avait pris. « Mon épouse est enfin guérie ; je n’avais jamais ressenti un bonheur d’une telle ampleur auparavant » , a-t-il déclaré.
Leur espoir restauré, les femmes témoignent
Elles ont en commun un passé douloureux, un parcours de survivante. Elles n’ont pas baissé le bras. Au bout de leur supplice, une guérison inattendue, un rétablissement providentiel. Chacune des femmes guéries de fistule a un récit particulier, une histoire d’endurance face àl’indescriptible peine qui aura marqué sa période de maladie. Du rejet social au divorce, de la coupure sociale débouchant sur une réclusion totale, les tourments qui accompagnent la survenue d’une fistule laissent une marque indélébile de souvenirs aussi douloureux que fâcheux.
« Chassée de mon village suite aux odeurs nauséabondes que je dégageais, j’ai passé 3 ans en brousse, dans une cabane de fortune. C’est seulement lorsqu’elle a eu vent de l’arrivée de l’équipe en provenance de l’Hôpital HEAL Africa de Goma que ma belle-mère est repartie àma recherche pour me proposer de tenter une réparation » , s’est remémoré Mme Gele (nom d’emprunt) àsa sortie d’hôpital, guérie. L’envie de revivre pleinement sa vie àpartir de ce « nouveau départ » est le seul élément qui l’a convaincue de revenir pour un traitement.
« A la survenue de ma fistule, je me suis vue perdre tous les attributs que confère ma communauté àla femme » . La déclaration est celle d’une autre bénéficiaire guérie après 20 ans de supplices.
Un géant historique qui sombre dans la vétusté
Construit en 1922 par des missionnaires protestants américains, l’Hôpital Général de Référence de Karawa disposait de services médicaux spécialisés qui lui conféraient une fréquentation àla hauteur de la vaste région du Nord-Ubangi et ses alentours, àses débuts. La structure fait actuellement face àun manque criant de matériels, avec une capacité d’accueil de 156 lits. « L’hôpital n’est plus en mesure de soutenir le besoin des 24 aires de santé qu’il sert » , a renseigné Dr DEAMBI BAIVOLA Célestin, Médecin Directeur de l’HGR de Karawa.
Les évènements politiques qui ont marqué l’histoire de la région constituent, en partie, la cause du délabrement de l’HGR de Karawa. C’est malheureusement la femme qui se retrouve en proie àdiverses complications gynécologiques par l’effet d’infrastructures pauvrement équipées et l’insuffisance/absence d’un personnel médical bien formé dans la prise en charge des accouchements. Elle paie le plus lourd tribut de l’état général de manque dans le domaine médical en milieux ruraux en RD Congo. Lui apporter des soins réparateurs dans son milieu, au modèle de HEAL Africa fort de l’appui de Fistula Foundation, s’annonce comme étant une réponse palliative pour la mitigation de sa peine.