Soigner la femme du Maniema: Campagne de réparation des fistules et autres complications gynécologiques à Kasongo

Pour contribuer à la restauration de la dignité de la femme de la province du Maniema, HEAL Africa a réparé une centaine de femmes porteuses de fistules obstétricales, prolapsus génitaux et diverses autres complications de l’accouchement et de la violence sexuelle lors de la campagne de chirurgie mobile gratuite tenue à l’Hôpital Général de Référence de Kasongo, exécutée du 07 au 28 Janvier 2022.

Avec l’appui de la Banque Mondiale à travers le Fonds Social de la République Démocratique du Congo (FSRDC), ces femmes ont vu leur bien-être rétabli, ceci dans le cadre de la mise en œuvre du projet de Prévention et Réponse aux Violences Basées sur le Genre –PRVBG– en province du Maniema.

Les cas qui se sont avérés inopérables dans le contexte local de l’HGR de Kasongo ont été transférés à l’hôpital HEAL Africa de Goma, structure dont le plateau technique de niveau tertiaire se prête le mieux aux interventions chirurgicales les plus exigeantes.

Offrir à la femme un paquet holistique de prise en charge

« L’être humain est un système dont le bien-être dépend de la bonne marche de ses composants » . Cette affirmation de Dr Jonathan MUHINDO LUSI, fondateur de HEAL Africa, a orienté la mise en place d’un paquet de prise en charge globalisant pour la femme, un suivi qui intègre les soins médicaux, un appui psycho-social, un accompagnement juridique pour les survivantes des violences basées sur le genre et, enfin, une réinsertion économique visant de rendre la femme autonome une fois de retour dans sa communauté après les soins médicaux.

« La pauvreté nous a toujours gardées dans des conditions d’extrême vulnérabilité qui nous exposent aux violences diverses dans mon village. Guérie, et avec l’assistance reçue, je compte lancer mon propre commerce afin de pouvoir redevenir une vraie mère pour mes enfants » , a laissé entendre Mme Aridja, à sa sortie d’hôpital.

Donner la vie dans un contexte aux limitations multiples

« Vue la portée géographique de la région que sert l’HGR de Kasongo, il est inconcevable d’enregistrer seulement 30 accouchements par mois » . Cette inquiétude de Dr DJUMA Abdoul, Médecin Directeur de l’HGR de Kasongo, structure qui a abrité la campagne, est l’émanation de la triste réalité qui sévit actuellement dans la Zone de Santé de Kasongo.

Les contraintes financières, infrastructurelles et matérielles empêchent les femmes de donner la vie dans un environnement à moindres risques en RD Congo, plus encore dans le fond de la province du Maniema. C’est très souvent avec un retard inquiétant que les femmes provenant des agglomérations les moins importantes de la province arrivent dans les formations sanitaires pouvant leur offrir un peu de sureté quant à l’accouchement.

Cela génère des complications multiples lors de l’accouchement, aussi bien pour les 88% des naissances qui surviennent en milieu hospitalier que pour les 12% à domicile au Maniema, tel que le suggère le rapport de l’enquête épidémiologique et de santé (EDS) de la RDC de 2013-2014. La conduite des accouchements par un personnel moins expérimenté et, parfois, mois qualifié constitue l’autre revers du problème.

« Conjugués avec l’état de délabrement avancé des routes que doivent emprunter les femmes, et cela avec des moyens de transport très peu confortables pour pouvoir accoucher dans une structure de santé, ces défis amènent au développement des fistules obstétricales, des déchirures de périnée, des prolapsus génitaux, des hernies incisionnelles et bien d’autres manifestations incommodantes » , renseigne Dr ATIBU YUMA, superviseur médical au compte du projet PRVBG Maniema.

Rehausser le niveau des soins pour la femme à Kasongo

Situé à environ 245 kilomètres de Kindu, ville capitale de la province du Maniema, l’HGR de Kasongo existe depuis 1959. La structure ne dispose actuellement d’aucun médecin spécialiste, et fonctionne avec du matériel essentiellement datant de l’époque coloniale. Le manque d’eau et d’électricité constitue l’un des plus grands défis à relever pour l’hôpital.

Cette insuffisance criante de ressources débouche, dans la plupart des cas, sur un référencement des patients vers la ville de Kindu pour des soins un peu plus appropriés.